Amalgame du casseur pour casser… Et pourtant…

Amalgame commun, récurrent, et si souvent employé qu’il en devient usant… « zadiste = casseur »… Faut avouer que ça fait quand même beaucoup de zadistes !.. Mais aussi que ça dépolitise énormément la question. Alors on vous éclaire. Et on vous invite à y réfléchir… D’une zad à l’autre, en passant par votre salon.

Black bloc ou zadiste,
amalgame du casseur pour casser… Et pourtant…

Traduction d’un texte du Collectif Universitaire Autonome de Turin, 16 décembre 2010

« Est-ce que vous voulez-vous voir à quoi res­sem­blent nos visages quand ils ne sont pas mas­qués par des fou­lards, des casques ou des cagou­les ?

Ce sont les mêmes visa­ges qui paient un loyer pour vos apparte­ments pour­ris, les visa­ges de ceux à qui vous offrez des stages non rému­né­rés ou des jobs à plein temps pour 1000 euros. Ce sont les visa­ges qui paient des mil­liers d’euros pour assis­ter à vos cours. Ce sont les visa­ges des gamins que vous frap­pez quand vous les chopez avec un peu d’herbe dans leurs poches. Ce sont les visa­ges de celles et ceux qui doi­vent s’enfuir du bus quand les contrô­leurs appa­rais­sent, ne pou­vant pas se payer le voyage.

Ce sont les gens qui cui­si­nent vos faux-filets à point dans les res­tau­rants chics, et reçoi­vent pour ça 60 euros la soirée, au black. Ce sont celles et ceux qui vous pré­pa­rent vos cafés serrés à Starbucks. Ce sont ceux qui répon­dent à vos appels en disant « 118 118, puis-je vous aider ? », ceux qui achè­tent de la nour­ri­ture à Lidl par­ce ­que celle des autres super­mar­chés est trop chère. Ceux qui ani­ment vos camps de vacan­ces pour 600 euros par mois, ceux qui ran­gent les étalages des maga­sins où vous ache­tez vos légu­mes bios. Ce sont ceux à qui la pré­ca­rité bouffe toute l’énergie vitale, ceux qui ont une vie de merde, mais ont décidé qu’ils en avaient assez d’accep­ter tout ça.

Nous fai­sons partie d’une géné­ra­tion, qui, pour un jour, a arrêté de s’empoi­son­ner le sang avec la névrose d’une vie passée dans la pré­ca­rité, et qui a sou­tenu les émeutes. Nous sommes le futur que vous devez écouter, et la seule partie saine d’une société cou­verte de métas­ta­ses. Ce qu’il est en train de se passer à Londres, Athènes et Rome est d’une impor­tance his­to­ri­que. Des places rem­plies à cra­quer de gens explo­sent de joie quand les cars de police pren­nent feu. Notre exis­tence même est dans ces cris : l’exis­tence de celles et ceux qui ne peu­vent pas croire que des gou­ver­ne­ments élus se retour­ne­raient contre leurs citoyens et leur feraient payer des dizai­nes d’années d’erreurs com­mi­ses par le sec­teur finan­cier et les mul­ti­na­tio­na­les ; l’exis­tence de ceux qui main­te­nant com­men­cent à penser que tous ensem­ble nous pou­vons com­men­cer à leur faire peur. Ces excla­ma­tions étaient furieu­ses et joyeu­ses, explo­sant depuis la partie saine de la société, pen­dant que celle empoi­son­née se cachait dans la Chambre des Députés.

Les Black Blocs ont encore frappé. Vous feriez mieux de regarder autour de vous main­te­nant. Des rumeurs disent que vous pour­riez en ren­contrer cer­tains pen­dant vos cours, à la biblio­thè­que, à la machine à café, au pub, sur la plage, voire même dans le bus.

Collettivo Universitario Autonomo de Torino, 16 décembre. »

Source Renverse.co


Le black bloc, mise au point sur un fantasme

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