Il y a 3 ans, le 26 octobre 2014, Rémi Fraisse, militant écologiste et pacifiste était tué lors d’un week-end qui se voulait festif et militant contre le barrage de Sivens dans le Tarn.
En ce jour de deuil, nos pensées accompagnent ses parents et amis ainsi que l’ensemble des victimes de violences policières et leurs proches.
Alors que nous nous enorgueillissons de la Chartes des Droits de l’Homme, du fait de vivre en démocratie dans un pays qui intègre le mot « liberté » dans sa devise, la mort de Rémi nous ramène à la réalité concrète de notre société : l’opposition au gouvernement n’est acceptée que dans des conditions très restreintes. Et plus encore que la liberté d’expression, c’est la réponse apportée par les force de l’ordre qui est fondamentalement problématique. Son rôle est de préserver l’ordre. Comment peut-on le préserver en tirant plusieurs centaines de grenades lacrymogènes et des grenades offensives mortelles ? La violence ne peut être et ne sera jamais un moyen de préserver l’ordre, mais uniquement la marque d’une volonté de domination et d’écrasement du plus fort. L’ordre ne peut être atteint que par un apaisement des violences, et non une escalade de celles-ci.
D’aucun avanceront que le rôle des différents corps de gendarmerie et de police est de veiller au respect de la loi, mais ce respect se fait par la force et l’agression que dans des régimes totalitaires. Le fait que les différents organismes gouvernementaux et leur bras armés ne soient pas en mesure ou ne souhaitent pas trouver des solutions pacifiques est révélateur du petit intérêt qu’ils ont pour les minorités, pour les humain.e.s qui les ont amené à ces places, et pour les idéaux qu’ils mettent à tout va dans leurs discours qui en deviennent creux.
Le comportement policier observé à Sivens menant au décès de notre ami a hélas connu de nombreux autres échos, en France comme ailleurs dans le monde. Le nombre d’incidents de violences policières a connu depuis 50 ans la même évolution que le nombre d’attentats et les résultats des partis d’extrêmes droites. L’incapacité à trouver une autre réponse ne fera qu’entretenir ce cercle vicieux et ne mènera qu’à une conclusion encore plus tragique.
Rémi Fraisse était un humain, français, militant, naturaliste qui rêvait d’une société où les intérêts financiers ne seraient pas le cœur des décisions, et ou la volonté de vivre ensemble prime sur les oppositions afin de trouver des solutions durables à nos problématiques.
En soutient avec cette vision que nous partageons, nous réaffirmons l’aspect pacifique de notre lutte qui s’ancre dans le respect de notre prochain et de notre environnement.
Notre lutte n’est pas uniquement contre un projet autoroutier inutile, mais aussi une expression de volonté de changement du fonctionnement de la société et du système qui a créé Sivens et assassiné Rémi.
Rémi, tu ne seras pas oublier.
Ta lutte continue ici et ailleurs, aujourd’hui et demain.
Repose en paix.